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juillet 17, 2023

ICOM VoicesLe musée en tant que laboratoire d’apprentissage pour le développement des compétences des étudiants

Inmaculada Real López

Maîtresse de conférences adjointe. Département d’Histoire de l’art de l’université Complutense de Madrid (Espagne).

Mots clés : muséologie, université, apprentissage, développement des compétences, lettres numériques.

Cet article a pour sujet la formation universitaire des futurs muséologues ainsi que le développement des aptitudes et des compétences professionnelles qu’ils acquièrent lors de cette formation.

L’objectif est de parvenir à une meilleure adéquation entre le contenu théorique enseigné dans les salles de classe et les connaissances pratiques requises dans le secteur muséal.

La volonté de dispenser un enseignement plus adapté à la pratique, faisant intervenir les techniques et les outils de la discipline muséale, nous conduit à rechercher les espaces d’apprentissage les plus propices à ce champ d’étude pour les étudiants.

  1. Vers la création d’espaces aménagés pour la formation des muséologues : les laboratoires d’apprentissage dans le cadre universitaire

L’histoire des musées est liée à l’action de collectionner, qui constitue depuis la nuit des temps une activité inhérente à l’espèce humaine, donnant ainsi naissance à une pratique sociale restée immuable à travers le temps et qui se perpétue encore de nos jours. La muséologie a évolué en même temps que d’autres disciplines telles que la restauration et la conservation, qui ont été rattachées aux fonctions confiées aux institutions culturelles et contribuent à leur réalisation. Afin de répondre à la pluridisciplinarité qui caractérise actuellement le paysage muséal à l’échelle internationale, les étudiants doivent compléter leur apprentissage dans des espaces spécialement aménagés leur permettant de mettre en œuvre les compétences acquises durant leur formation.

Pour ce faire, nous proposons la création de « laboratoires d’apprentissage » qui, essentiels dans le cadre des études scientifiques, sont également indispensables à la formation professionnelle des muséologues. En effet, ils favoriseraient le développement des compétences et permettraient d’entrer en contact avec les différents éléments et instruments propres à cette discipline. Ces lieux deviendraient des espaces d’exploration et de test permettant aux étudiants de se familiariser avec le matériel de muséographie, mais également d’utiliser des outils de catalogage ou des instruments de mesure destinés à la conservation. Autrement dit, ils fourniraient une approche de l’ensemble des tâches et des axes de travail qui constituent la muséologie.

Fig. 1. Éléments composant le laboratoire d’apprentissage.

  1. Les musées universitaires, le virtuel et l’accessibilité des connaissances

Les musées universitaires ont traditionnellement été destinés à l’apprentissage des étudiants. Rappelons que ces espaces ont été créés dans le but principal d’encourager la recherche et l’apprentissage. Il s’agit en outre d’institutions au cœur desquelles règne le savoir. L’étude des collections de ce type de musée n’étant autorisée que sur place, ces collections sont devenues un patrimoine généralement restreint aux étudiants d’une communauté universitaire donnée et auquel il n’est pas toujours facile d’accéder. C’est pourquoi les technologies de l’information et de la communication (TIC) contribuent aujourd’hui au développement des musées universitaires par le biais de différents réseaux de travail, grâce aux progrès du virtuel. Ainsi, ces musées peuvent atteindre des étudiants nationaux et internationaux, et cette forte portée sociale leur donne une dimension plus universelle que jamais. Les musées en réseau tels que le Sistema Museale di Ateneo de l’Università di Bologna deviennent ainsi des outils d’apprentissage essentiels permettant d’étudier les collections sans sortir des salles de classe et dans des espaces de plus en plus ouverts et accessibles.

Fig. 2. Schéma du développement des musées universitaires virtuels.

  1. La théorie appliquée au travers d’exercices pratiques et spécifiques pour les étudiants en muséologie

La visite physique des musées doit être l’activité pratique par excellence à réaliser avec les étudiants en formation muséologique. Cette visite constituerait la troisième et dernière phase de travail puisqu’elle permet d’entrer en contact avec la réalité muséale. Elle doit donc être exploitée au maximum et ainsi permettre la mise en œuvre de toutes les compétences préalablement étudiées en matière de muséologie et de muséographie, aussi bien en salle de classe qu’en laboratoire. À cet égard, l’une des activités conseillées consisterait à analyser sur place l’ensemble des éléments muséographiques d’une institution donnée. On fournirait à cette fin, à titre d’exercice complémentaire, un plan des salles et le tableau des éléments à identifier.

Fig. 3. Fiche d’activité à réaliser dans un musée.

Enfin, le dernier exercice suggéré est à effectuer au terme de la visite, lors duquel les étudiants élaborent une réflexion d’un point de vue de muséologue à partir de leur expérience au musée. Ainsi, en les encourageant à s’initier à l’analyse de la muséologie critique, les étudiants développent des compétences rédactionnelles, établissent leur raisonnement et se familiarisent à l’emploi d’un lexique spécifique. Le résultat de cette activité individuelle est intéressant si on l’aborde d’un point de vue global, avec la réalisation des « Carnets de visite des musées », mis en page par les étudiants eux-mêmes pour favoriser l’enseignement participatif. Il s’agit de carnets de terrain qui permettent d’élaborer un recueil graphique des photographies des institutions visitées, en les intercalant avec une synthèse des réflexions écrites par les étudiants. Ainsi, on conserve une trace de l’évolution progressive de l’apprentissage des étudiants au terme de chaque phase présentée, ainsi que de la mise en œuvre des différentes méthodes d’enseignement dans la salle de classe.

Fig. 4. Carnet de visite. Activité réalisée par des étudiants du cours de Muséographie et Muséologie de l’UCM.

Conclusion

Les activités pédagogiques présentées dans ce document et conçues pour les étudiants en Muséologie permettent de progresser en matière de développement des compétences et d’améliorer les capacités cognitives en privilégiant des connaissances pratiques et appliquées. Des espaces doivent néanmoins être aménagés pour travailler sur les contenus théoriques : conçus comme des laboratoires d’apprentissage, ces lieux permettraient de mettre en œuvre les différents éléments qui composent cette discipline.

Références bibliographiques

Casali, Alípio ; Pasqualucci, Luciana, “Museu e formação cultural: Inovação curricular na contemporaneidade”. E-curriculum, 18, 3, 2020. DOI: https://doi.org/10.23925/1809-3876.2020v18i3p1315-1335

Domènech Casa, Jordi, “Museus Virtuals com a recurs didàctic. Construint ponts digitals entre els museus i l’aula”. @TIC. Revista d’innovació educativa, 2013, 10. DOI: https://doi.org/10.7203/attic.10.2102

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