Le projet de « mise en œuvre de mesures de sécurité et formation à la lutte contre le trafic illicite des biens culturels pour les musées de Côte d’Ivoire » qui s’est achevé en décembre 2023 est un projet d’aide d’urgence consistant en la mise en œuvre de mesures de sécurité pour des musées ivoiriens ainsi que le renforcement des capacités de professionnels du pays afin de lutter efficacement contre le trafic illicite des biens culturels au niveau national.
Ce projet s’inscrit dans la continuité d’un premier projet mis en place en 2020 entre l’ICOM et la Fondation ALIPH en soutien à 14 musées d’Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale – dont la Côte d’Ivoire. En prenant appui sur cette expérience, le Département de protection du patrimoine du Secrétariat de l’ICOM – en coopération étroite avec le comité national ICOM Côte d’Ivoire – et grâce au soutien financier d’ALIPH, a pu développer, mettre en œuvre et conclure avec succès ce nouveau projet opérationnel qui restera sans aucun doute un projet-modèle pour la région et dont d’autres comités nationaux de l’ICOM pourront s’inspirer s’ils le souhaitent.
Sécurisation des bâtiments et des collections dans deux musées situés dans l’Est de la Côte d’Ivoire
Des travaux de réhabilitation ont été effectués dans les deux musées sélectionnés, se trouvant dans la région de l’Indénié-Djiuablin, à l’Est de la Côte d’Ivoire, à savoir :
- Le musée Jean-Marie Adiaffi (MJMA) de Bettié, un musée communautaire, ethnographique et archéologique.
- Le musée Louis-Gustave Binger de Zaranou, gardien de patrimoine matériel et immatériel, mobilier et immobilier, situé à proximité de la frontière avec le Ghana.
La réalisation de ces travaux de sécurisation a permis d’atteindre l’objectifs fixé : doter les deux musées des moyens de base pour protéger leurs collections face aux risques existants (surtout les vols et autres dégradations).
Ces travaux ont été suivis de près à la fois par ICOM Côte d’Ivoire, et l’équipe du Département protection du patrimoine, qui ont effectué des missions de suivi pour assurer la liaison avec les acteurs locaux au cours du processus.
L’achèvement rapide de ces travaux a renforcé l’impact des mesures de réhabilitation simples visant à préserver les bâtiments et leurs collections, en rendant les musées plus sûrs, attrayants et accueillants pour les visiteurs.
Résultats des travaux de réhabilitation et de sécurisation au musée Jean-Marie Adiaffi de Bettié
Lors de l’évaluation des besoins par ICOM Côte d’Ivoire pendant la phase préparatoire du projet, de graves problèmes d’étanchéité ont été identifiés dans le musée de Bettié. Le risque d’effondrement du toit du musée était très important. Par ailleurs, les salles d’exposition et les réserves étaient souvent inondées pendant la saison des pluies, ce qui affectait les objets de la collection. En réponse, des travaux d’étanchéité ont été réalisés sur la structure du bâtiment et les fissures apparentes dans les murs, causées par l’humidité, ont été réparées. En outre, le système électrique a été modernisé. Les portes du musée ont été sécurisées pour éviter le vandalisme et le vol d’objets. Enfin, de nouvelles mesures d’agencement de l’espace muséal, couplé à l’octroi de matériel d’exposition rendent possible aujourd’hui une meilleure conservation, documentation et exposition des objets faisant partie des collections.
En cours de projet, et en accord avec ALIPH, des travaux additionnels ont pu être réalisés dans le musée pour répondre à d’autres besoins identifiés par le comité national. Ainsi la façade et les salles d’exposition permanentes du musée ont été entièrement repeintes afin de mettre en valeur les collections et créer un cadre propice à la circulation, la visite et l’échange entre les visiteurs.
Résultats des travaux de réhabilitation et de sécurisation au musée Louis-Gustave Binger de Zaranou
En raison de sa situation géographique, le musée est très exposé à la poussière, qui s’accumule au fil du temps et présente un risque pour la conservation des objets. De plus, ce risque était accentué par l’état de détérioration de la structure du musée, dont le toit, les portes et fenêtres laissaient passer la poussière. Face à ce constat, des travaux de réparation de la structure et de nettoyage des salles d’exposition ont été réalisés. De plus, les portes et fenêtres ont été sécurisées afin d’éviter toute intrusion dans le musée.
Construction d’une réserve au musée Louis-Gustave Binger de Zaranou
Un autre défi majeur identifié pour ce musée était l’absence de salle de réserve : les objets non exposés étaient stockés dans un placard. Pour permettre une meilleure conservation des objets non exposés, une réserve a été construite dans l’enceinte du musée.
En cours de projet, et en accord avec ALIPH, des travaux additionnels ont été réalisés dans le musée. En effet, des moyens supplémentaires ont été octroyés pour doter le musée de sanitaires qui permettent dorénavant d’atteindre des standards d’hygiène et d’inclusion du public.
Témoignage :
« C’est tout un honneur pour moi, en ma qualité de Président d’ICOM Côte d’Ivoire et pour notre Comité National de bénéficier d’une subvention de l’Alliance Internationale pour la Protection du Patrimoine dans les Zones en Conflit (ALIPH) afin de contribuer à la mise à niveau des musées de notre pays.
Le défi de l’exécution de ce projet portant sur la Protection, les mesures de sécurité et de formation pour la lutte contre le trafic illicite des biens culturels en Côte d’Ivoire était important. Au bout de compte, les trois composantes du projet ont été exécutées à Abidjan, Bettié et Zaranou. Ce fut une belle expérience.
J’exprime toute ma gratitude à ALIPH et à l’ICOM qui au-delà de ces appuis financiers et techniques, sont engagés inlassablement à la protection du patrimoine et au maintien de valeurs cardinales de paix, de cohésion sociale et de bien-être ».
Dr Ernest Kpan
Président d’ICOM Côte d’Ivoire
Organisation d’un séminaire portant sur la lutte contre le trafic illicite de biens culturels, Musée des civilisations de Côte d’Ivoire à Abidjan (7 et 8 mars 2023)
Le séminaire a été suivi par un large éventail de professionnels de la protection du patrimoine : environ 35 personnes (professionnels de musées, représentants de services de gendarmerie nationale et de douanes, universitaires, professionnels de l’administration publique mais également une représentation de l’UNESCO). Cette variété de profils a facilité des échanges fructueux sur les bonnes pratiques existantes et le besoin de créer des synergies entre les différents acteurs pour faire face aux défis pesant sur le patrimoine culturel du pays. Ce séminaire ainsi que les rencontres organisées autour de cet événement profitant de la présence du Secrétariat de l’ICOM sur place ont également eu pour effet de consolider le réseau d’ICOM Côte d’Ivoire, contribuant ainsi à assurer que les résultats de ce projet s’inscrivent dans la durée.
Ce séminaire a été réalisé dans un esprit de coopération, mêlant des interventions de l’équipe du Département de protection du patrimoine de l’ICOM – insistant sur les ressources et les outils de l’ICOM, comme les Listes rouges, le Code de déontologie, Object ID – et l’intervention de Franck Pacere, membre du comité national d’ICOM Burkina Faso, sur le sujet de la gestion des risques dans les musées. De plus, la participation de cet expert s’est inscrite dans la continuité d’un autre projet que l’ICOM mène avec la Fondation ALIPH, en coopération cette fois avec ICOM Burkina Faso et ICOM Mali. Les thématiques abordées dans ces deux projets offraient l’occasion parfaite de croiser les expertises nationales et renforcer la coopération entre les différents comités actifs en Afrique de l’Ouest et le Secrétariat à Paris.
Il faut également souligner que la journée de clôture du séminaire a coïncidé avec la journée internationale des droits des femmes le 8 mars, l’occasion a été saisie pour mettre en lumière l’engagement des femmes présentes et leur rôle significatif dans la protection du patrimoine culturel.
Témoignage :
‘’Les 7 et 8 Mars derniers, l’ICOM-CI a organisé, avec le soutien financier et technique de l’ALIPH et de l’ICOM un atelier de formation sur la lutte contre le trafic illicite des biens culturels au Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire. Cette formation, donnée par des experts de l’ICOM International, a enregistré la présence des responsables des musées publics du pays et des représentants des structures impliquées dans la protection des biens culturels, mais aussi, de certains établissements d’enseignement. La formation a été très bénéfique en ce sens qu’elle a permis aux participants d’avoir les outils nécessaires à la mise en place de programmes de protection du patrimoine culturel en vue de lutter efficacement contre le trafic illicite des biens culturels sur toute l’étendue du pays.
Nous tenons à remercier l’ICOM et ALIPH pour toutes ces actions en faveur du patrimoine culturel dans le monde.’’
AKOHI Amon Eugénie – ICOM-Côte d’Ivoire
Impact du projet sur les communautés locales et durabilité des résultats
La coopération entre le Secrétariat de l’ICOM, ICOM Côte d’Ivoire et la Fondation ALIPH – en partenariat étroit deux musées locaux – a montré une fois de plus la valeur des coopérations interinstitutionnelles impliquant des acteurs locaux, nationaux et internationaux, chacun ayant un rôle à jouer dans la protection du patrimoine culturel.
Ainsi au cours de ce projet, des ponts ont été établis entre professionnels conformément aux missions et objectifs de l’ICOM, qui en tant qu’organisation internationale des musées et des professionnels de ces institutions promeut le renforcement des capacités professionnelles et fait progresser la connaissance dans le domaine.
Témoignage :
« Nous avons rêvé, pensé, préparé, annoncé et réalisé sous l’auspice de l’ICOM Côte d’Ivoire des solutions concrètes et durables au profit des musées de Zaranou et de Bettié (Abengourou, Côte d’Ivoire), grâce à l’appui inestimable de partenaires technique et financier, à qui, il nous plait de traduire dans notre langue maternelle « Nancy, Ayoka, Anitché, Mo MO » notre infini reconnaissance et gratitude à ALIPH et à l’ICOM, pour cet important projet de coopération culturelle, que nous espérons voir se fructifier, s’étendre et se perpétuer à l’ensemble des musées communautaires de l’éburnie».
Dr Aman N’GBESSO
Coordonnateur de projet protection, mesures de sécurité pour les musées sur la lutte contre le trafic illicite des biens culturels avec financement d’ALIPH et l’appui technique de l’ICOM
Pour en savoire plus :
