M. Okwui Enwezor, influent conservateur nigérian, est décédé début mars 2019. Ses grandes expositions ont fait de l’art occidental une pièce maîtresse en créant une nouvelle approche transfrontalière de l’art contemporain. M. Enwezor a été reconnu internationalement et très estimé pour avoir influencé notre compréhension de l’art contemporain en brisant la perception eurocentrique de l’art.
Okwui Enwezor est né en 1963 à Calabar, au Nigéria. Il a quitté son pays pour New York en 1982 où il a d’abord étudié les sciences politiques. Enwezor était également connu pour être le premier conservateur non-européen. En effet, il a repris la direction de la 11ème Documenta à Kassel en 2002, où il a créé «la première exposition véritablement mondiale de la Documenta postcoloniale».
Les années suivantes, il a ouvert des plateformes de réflexion à Berlin, Vienne, New Delhi et Lagos, permettant ainsi à Kassel d’entrer dans les échanges internationaux. Enwezor a activement organisé des biennales telles que la 56e Biennale de Venise en 2015 ou la Biennale de Guanju en Corée du Sud. Au cours des trois dernières années, il était conservateur en chef à la Haus der Kunst à Munich.
Il a compris que l’art et la démocratie étaient des processus inachevés et il était un excellent médiateur des cultures africaines. Son interprétation novatrice des structures postcoloniales dans le contexte actuel, où se discutent le patrimoine colonial, nous manquera particulièrement. Okwui Enwezor était membre d’ICOM Allemagne et aurait été un excellent médiateur dans la communication des legs postcoloniaux en engageant un dialogue avec les comités nationaux émergents.
Aujourd’hui plus que jamais, le secteur des musées a un besoin urgent de figures comme lui, capables de franchir les frontières pour rapprocher l’art et les gens.