Le 14 novembre marque la Journée internationale contre le trafic illicite des biens culturels. Organisée chaque année par l’UNESCO, cette journée internationale nous rappelle la nécessité de coopérer au niveau international, régional et local pour lutter contre ce phénomène. Les musées, par leur rôle de sensibilisation, d’éducation et de conservation des collections, ont un rôle clé à jouer dans la prévention du vol, du pillage et de l’exportation illicite du patrimoine culturel.
Depuis la création de l’Organisation en 1947, les membres de l’ICOM se sont activement engagés dans le développement de programmes et d’outils qui permettent de lutter directement contre le trafic illicite du patrimoine culturel. Plusieurs de ces initiatives ont été développées avec des partenaires, tels que l’UNESCO, UNIDROIT, INTERPOL et l’OMD.
Plus récemment, le rôle de l’ICOM dans la protection du patrimoine culturel, en cas de catastrophe et sur les questions de retour et de restitution, a également été reconnu dans la Déclaration de Salvador de Bahia des ministres de la culture du G20 (seulement en anglais) et par le groupe de travail sur la culture, auquel l’ICOM a participé activement.
LES LISTES ROUGES DE L’ICOM
L’objectif principal des Listes rouges de l’ICOM est de sensibiliser les agents de police et des douanes, ainsi que les personnes impliquées dans le marché de l’art et des antiquités, afin de faciliter leur travail. Les Listes rouges attirent l’attention sur des catégories de biens culturels qui sont vulnérables dans leur pays/région d’origine, très demandés sur le marché de l’art et protégés par la législation nationale.
Le message véhiculé par les Listes rouges est clair : si vous rencontrez un objet culturel qui ressemble à l’un de ceux figurant sur une Liste rouge, vous devez en rechercher soigneusement l’origine. À ce titre, les Listes rouges soulignent également l’importance de la recherche de la provenance et d’une documentation complète.
À ce jour, l’ICOM a produit 20 Listes rouges en étroite collaboration avec son réseau d’experts. Les Listes rouges restent très demandées et en 2025, des Listes rouges pour la Grèce et la Turquie seront publiées.
À la demande expresse des utilisateurs de ces listes, l’ICOM continue de publier et de distribuer des versions imprimées. En effet, les utilisateurs indiquent que le fait de disposer d’une copie physique de la liste encourage le lecteur à étudier et à mémoriser les objets de manière plus efficace. Cependant, l’ICOM pense déjà à l’avenir et étudiecomment les outils numériques peuvent aider à multiplier les utilisations des Listes rouges et à étendre leur portée.
PARTICIPATION DANS LE PROJET EUROPEEN ‘ANCHISE’
L’ICOM est l’un des 15 partenaires du projet ANCHISE, un projet financé par l’UE qui vise à développer une série de six outils de pointe (drones, applications mobiles, bases de données, etc.) visant à améliorer la surveillance des sites archéologiques menacés par le pillage, l’identification d’artefacts et de réseaux de trafic ainsi que des dépôts généraux de biens volés.
L’ICOM est impliqué dans le pilotage des démonstrations de ces outils auprès des usagers potentiels, en particulier les forces de l’ordre et les professionnels du patrimoine (des musées et de l’archéologie), en cherchant les moyens d’améliorer l’expérience de ces usagers et de rendre ainsi les outils plus efficaces dans la pratique. La première démonstration a eu lieu en septembre 2024 en Grèce (Thessalonique et Amphipolis) et a rassemblé plus de 100 participants de 10 pays.
DÉCRIRE ADÉQUATEMENT UN OBJET CULTUREL EN UTILISANT ‘OBJECT-ID’
Object-ID est une norme de documentation internationalement reconnue qui a été développée et lancée par l’ICOM et le Getty Information Institute pour normaliser la description des biens culturels. La réputation d’Object-ID n’a cessé de croître et il continue d’être considéré comme la norme de référence pour la description des objets.
Utilisé par les spécialistes comme par les non-spécialistes, disponible gratuitement et traduit en 17 langues, Object-ID est reconnu par INTERPOL comme un outil précieux pour l’identification des objets volés. L’utilisation par INTERPOL de cet outil pour son application mobile ID-ART en est la preuve.
L’ICOM et ses comités internationaux organisent régulièrement des formations sur la mise en œuvre de l’Object-ID, ce qui atteste de sa pertinence de longue date et durable pour la protection des biens culturels. L’inventaire des collections de musées est spécifié dans le Ccode de déontologie de l’ICOM, un autre outil important dans la lutte contre le trafic illicite de biens culturels.
L’OBSERVATOIRE INTERNATIONAL SUR LE TRAFIC ILLICITE DES BIENS CULTURELS
Fort du succès de la première phase de l’Observatoire, l’ICOM travaille avec ambition sur le chapitre suivant, qui sera déployé dans le cadre d’un projet financé par l’UE et lancé en 2025.
L’objectif du projet est de faciliter un meilleur accès à l’information (surveillance), l’échange de connaissances (collecte de données) et la coopération multinationale afin de mieux comprendre ce trafic et de contribuer à renforcer les activités et les outils visant à prévenir ce phénomène.
LA MOBILISATION DU RÉSEAU ICOM AVEC LE SOUTIEN DU SECRÉTARIAT
Au sein du Secrétariat de l’ICOM, le travail sur la lutte contre le trafic illicite est sous la responsabilité du Département de la protection du patrimoine. Ce travail est également soutenu par les initiatives et activités développées par le réseau de l’ICOM par le biais de ses comités nationaux et internationaux, ainsi le LEAC travaille actuellement sur un document visant à guider les musées tout au long du processus de retour de biens culturels. Le Secrétariat constate que les membres du réseau de l’ICOM sont de plus en plus motivés à participer aux efforts internationaux de lutte contre le trafic illicite de biens culturels, un indicateur encourageant pour le succès futur de notre défi collectif.