Les musées n'ont pas de frontières,
ils ont un réseau

Toutes les actualités

janvier 17, 2019

ConférenceConférence de l’OCDE à Venise : la culture comme levier du développement économique, d’un bien-être commun et d’un avenir durable

La conférence de l’OCDE, qui s’est tenue à Venise les 6 et 7 décembre derniers, a rassemblé des professionnels des musées et du patrimoine, des économistes, des universitaires et des dirigeants afin de débattre le pouvoir de transformation potentiel de la culture sur les économies locales. Cet événement a été l’occasion du lancement d’un guide pour les collectivités locales et les musées, publié conjointement par l’ICOM et l’OCDE. Ce guide vise à faciliter et à encourager les échanges entre les musées et les collectivités locales pour aider celles-ci à développer et mettre en place des politiques territoriales en vue d’un futur plus durable.

Venise, toile de fond idéale pour ces débats, était au cœur même du discours de Luigi Brugnaro, conférencier invité et maire de la ville. Ce dernier, en effet, a mis en avant le désir de la municipalité de lutter contre le surpeuplement grâce à des politiques touristiques durables et à la revitalisation de son patrimoine vivant.

« L’art et la culture ne sont pas seulement l’expression des plus belles valeurs et identités humaines; elles sont souvent les ‘invisibles universels’ qui maintiennent ensemble les communautés et les sociétés » : tels furent les premiers mots de Angel Gurría, le secrétaire général de l’OCDE. Celui-ci a ajouté que la culture devrait être le quatrième piller du programme de développement durable des Nations Unies.

Le rôle que peut jouer l’engagement, tant au niveau culturel que créatif, pour mener au bien-être et encourager la cohésion sociale, tout en participant à la croissance économique et à la revitalisation des villes et des régions, a été abordé lors de la première séance plénière. Dans son discours inaugural, Pier Luigi Sacco, chercheur au MetaLAB de Harvard et conseiller spécial auprès du commissaire européen à l’Éducation, à la Jeunesse, au Sport et à la Culture, a rappelé que la participation à des activités culturelles pouvait aider à tisser des liens sociaux et favoriser une résilience plus grande au sein des communautés.

Le directeur général de l’ICOM, Peter Keller, a présenté divers exemples de programmes solidaires développés par des musées, tels que « Le Louvre à l’hôpital », une collection itinérante d’œuvres d’art accompagnée d’activités dans huit hôpitaux partenaires, et le programme de sensibilisation à la démence « House of Memories » des Musées nationaux de Liverpool, proposant formations et activités aux proches des malades.

Une séance thématique co-animée par l’ICOM sur le thème Patrimoine culturel et développement territorial : comment optimiser l’impact a débuté par la présentation de stratégies mises en place dans les domaines de la culture et des musées pour améliorer le développement économique, l’innovation et la revitalisation urbaine. Le pouvoir qu’ont les musées de provoquer des changements régionaux a été évoqué par la présidente du Comité national polonais de l’ICOM, Dorota Folga-Januszewska. Elle a cité plusieurs exemples, notamment le musée Guggenheim de Bilbao en Espagne et le musée de la famille Ulma à Markowa en Pologne (Markowa Ulma-Family Museum). Juliette Guépratte, directrice de la stratégie au musée du Louvre-Lens (France), a présenté les stratégies de sensibilisation du musée, ainsi que les efforts pour intégrer et rendre plus engagée la communauté locale.

Joana Sousa Monteiro, présidente du Comité international de l’ICOM sur les collections et activités des musées des villes (CAMOC), a animé la dernière séance du 6 décembre, dédiée aux partenariats potentiels entre les collectivités territoriales et les musées pour l’éducation, le bien-être et l’intégration. Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef au Musée des beaux-arts de Montréal, a expliqué qu’au Canada, un groupe restreint de médecins peut dorénavant prescrire comme thérapie une visite au musée : « Nous commençons tout juste à comprendre l’impact de l’art et de la culture sur notre bien-être ».

Stimuler la croissance locale et le bien-être à travers la culture

La séance plénière, intitulée Comment stimuler la croissance locale et le bien-être à travers la culture : un nouveau programme pour les collectivités locales, a débuté le deuxième jour. Lina Botero Villa, secrétaire à la Culture de la ville de Medellín en Colombie, a fourni l’exemple concret du pouvoir de transformation de la culture à Medellín, jadis l’une des villes les plus violentes au monde, et aujourd’hui devenue un centre culturel vibrant grâce à des projets et des politiques culturelles développés en partenariat avec les communautés locales. Luca Bergamo, maire adjoint de la ville de Rome (Italie), a également souligné l’importance des processus communautaires, en citant notamment la piétonisation exceptionnelle de Rome pour le réveillon du nouvel an, initiative par laquelle les conditions propices à une plus grande cohésion sociale entre résidents ont été réunies.

Geoff Mulgan, EBC, directeur général du UK National Endowment for Science, Technology and the Arts (NESTA) a évoqué la tendance grandissante, parmi les professionnels de santé britanniques, de prescrire des activités culturelles aux individus souffrant d’un sentiment d’isolation. Bien plus que de faire des professionnels de musée de bons managers, sans doute faudrait-il mieux préparer les dirigeants politiques à leur fonction, a-t-il ajouté.

Les deux jours de conférence furent résumés par la coordinatrice de l’OCDE pour la Culture, les Industries culturelles et le Développement local, Ekaterina Travkina, qui a déclaré : « Cette conférence était l’occasion de raconter une histoire : comment la culture peut transformer nos villes ». Elle a ajouté que le public visé était, de fait, les responsables politiques, et qu’elle espérait que les partenariats établis avec l’UNESCO, l’ICOM et le British Council seraient la pierre de touche d’une histoire nouvelle.