Lisez l’extrait du discours principal que Sebastião Salgado donnera pendant la 25ème conférence générale de l’ICOM qui aura lieu du 1er au 7 septembre à Kyoto, Japon.
On a beaucoup écrit sur la destruction de la forêt amazonienne, sur la déforestation d’immenses pans de forêt primaire par des feux volontaires, pour faire place à des fermes d’élevage de bovins et de plantations de soja, et on a beaucoup écrit sur l’empoisonnement des cours d’eau par les chercheurs d’or et sur la pénétration de territoires vierges pour l’exploitation illégale du bois. Tout ceci, et plus encore, est réel.
Et pourtant, si de vastes étendues de la plus grande forêt tropicale du monde ont été détruites, 81 % au seul Brésil restent intacts. C’est la responsabilité partagée du Brésilde protéger ce qu’il en reste. L’urgence de le faire nous a conduit à promouvoir une initiative de développement de nouvelles formes créatives de protection et de gestion durable de la région amazonienne.
En cela, les gardiens ancestraux de la forêt, ses peuples indigènes, peuvent – et déjà le font – jouer un rôle central.
La déforestation est une réalité indéniable, et elle est plus criante sur les terres gouvernementales et privées. Mais même là, plus de 60 % de la forêt est restée intouché.
Pour explorer cet héritage intact, nous avons entrepris un voyage photographique à long terme pour enregistrer les modes de vie des indigènes qui vivent en harmonie avec la forêt amazonienne au Brésil.
Figure 1 ©Sebastião Salgado
J’ai photographié des communautés, parmi lesquelles les Kuikuro, les Kamayura et les Waura dans la région du Haut Xingu, ainsi que les Zoé, les Awá, les Yanomami, les Ashaninka, les Yawanawa, les Suruwará et les Korubo, des groupes ethniques au coeur de l’Amazonie.
En même temps, nous sommes en train d’établir des archives plus larges de la région entière, avec des photographies au sol et aériennes du labyrinthe complexe que forment les affluents sinueux qui alimentent le fleuve Amazone, et les changements dramatiques des niveaux d’eau au cours des saisons sèches et des saisons de crues; et aussi avec des photographies aériennes de la forêt vierge et de colonnes de fumée qui s’élèvent à des kilomètres au-dessus des zones où la forêt est encore mise à feu.
Notre espoir est que le livre et les expositions qui résulteront de ce travail photographique servent de catalyseurs pour éveiller les consciences à la nécessité de protéger la forêt amazonienne et sa population autochtone, ainsi que de créer de nouvelles approches d’exploitation des ressources naturelles et humaines de la forêt, sans continuer à les mettre en péril.
A propos de Sebastião Salgado
Sebastião Salgado, photographe plusieurs fois primé, est né en 1944 à Minas Gerais, au Brésil. Humaniste et voyageur infatigable, sa carrière l’a amené dans plus de 100 pays pour ses projets photographiques.
En 2004, Sebastião Salgado a lancé un projet intitulé Genesis, qui visait à présenter les figures authentiques de la nature et de l’humanité. Il consiste en une série de photographies de paysages et d’animaux sauvages, ainsi que de communautés qui continuent de vivre conformément à leurs traditions et cultures ancestrales. Ce corpus est conçu comme une voie potentielle vers la redécouverte de l’humanité dans la nature.
Au-delà des publications de presse, ses principales œuvres ont été présentées dans des livres. Des expositions itinérantes de ces œuvres ont été et continuent d’être présentées dans des musées et des galeries du monde entier. Il travaille actuellement sur un projet photographique sur le thème de la forêt amazonienne brésilienne et de ses habitants, les communautés autochtones. Cette œuvre sera présentée sous forme de livres et d’expositions en 2021.
ICOM KYOTO 2019
Du 1er au 7 septembre 2019, Kyoto accueillera la conférence sur le secteur muséal plus grande et la plus importante au monde. Plus de 3 000 professionnels des musées et experts internationaux de tous les horizons participeront à cet événement triennal, la 25e Conférence générale de l’ICOM. Après 24 éditions couronnées de succès, la conférence phare de l’ICOM est devenue un centre d’échange mondialement reconnu sur les questions d’actualité auxquelles les musées font face aujourd’hui, mais aussi sur les solutions les plus innovantes. Les pré-inscriptions sont ouvertes jusqu’au 30 avril. Pour trouver plus d’informations sur la conférence et pour vous inscrire, consultez le site Web d’ICOM Kyoto 2019.
LE PROGRAMME