Nous sommes fiers de vous annoncer le lancement de la Bibliothèque en ligne de l’ICOM regroupant près de 45 000 références de notices, publications, rapports d’activité, photographies. Pour l’occasion, nous avons interviewé Agnès Roché, documentaliste-archiviste à l’ICOM, pour nous en dire plus sur l’histoire de ce fonds documentaire et son fonctionnement au service des membres de l’ICOM.
Agnès Roché, vous êtes documentaliste-archiviste à l’ICOM depuis deux ans. Vous travaillez sur un fonds documentaire qui a vu le jour en 1948, peu de temps après la création de l’ICOM en 1946. Pouvez-vous retracer les grandes lignes de l’histoire de ce fonds ?
Dès le départ, les fondateurs de l’ICOM ont souhaité créer un centre de ressources spécialisé sur les musées et la muséologie, dans un double objectif : rassembler toute la documentation disponible sur le sujet, et la mettre à disposition des professionnels de musées. Grâce aux contributions des membres de l’ICOM, les collections du centre se sont rapidement étoffées.
Au tout début des années 1980, le centre de documentation a créé sa première base de données bibliographique informatisée grâce au logiciel libre CDS-ISIS (plus tard Winisis) mis au point pour l’UNESCO. Quelques années plus tard, en 1989, toutes les notices manuscrites antérieures à 1981 ont été intégrées dans cette banque de données pour que le catalogue informatisé soit complet.
Au début des années 90, la production de documents dans le domaine muséal avait beaucoup augmenté, d’autres lieux ressources avaient vu le jour, comme la bibliothèque de l’ICCROM par exemple dans le domaine de la conservation-restauration, et le développement d’Internet ouvrait de nouvelles perspectives d’accès à l’information. Il fut alors décidé que le centre de documentation donnerait désormais la priorité aux publications de l’ICOM et de son réseau de comités nationaux, internationaux et alliances régionales. Une partie importante du fonds muséographique accumulé jusque-là, composée des publications « hors-ICOM », est alors déposée dans deux établissements partenaires : l’école Nationale supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) accueille les catalogues d’expositions, et la Direction des Musées de France (Aujourd’hui le Service des Musées de France) accueille catalogues de musées, littérature et revues spécialisées. Dans la base actuelle, la localisation de chaque document référencé est précisée.
Le centre conserve néanmoins ses collections de répertoires de musées, de textes législatifs et règlementaires nationaux, et une sélection de documents en lien avec ses programmes et missions : protection du patrimoine en danger, lutte contre le trafic illicite, éthique muséale…
En 2015, ce sont les archives de l’ICOM qui pour la première fois font l’objet d’une importante campagne de tri et de classement, pour la période de 1946 à 2007.
A votre arrivée, vous avez pris en charge un projet important : offrir une plateforme documentaire accessible en ligne tout en poursuivant la numérisation des documents. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Début 2020, le logiciel Winisis qui hébergeait la base de données documentaire n’était plus mis à jour et son système d’exploitation était obsolète.
L’acquisition d’un nouveau logiciel de gestion de base de données documentaires full web a permis non seulement de sauvegarder l’intégralité de la base historique lors du déménagement de l’ICOM du siège de l’UNESCO à la rue Lasson (Paris 12è), mais aussi et surtout de l’adapter aux besoins de ses utilisateurs aujourd’hui. En 2022 l’ICOM compte beaucoup plus d’adhérents qu’à sa création en 1946, et ils sont plus que jamais répartis dans le monde entier, mais l’ambition du centre de documentation reste fidèle aux intentions de ses fondateurs : mettre ses ressources au service de tous les professionnels des musées.
La société JLB-Informatique, éditrice du logiciel choisi, a créé un portail en ligne, accessible depuis la rubrique Ressources du site de l’ICOM, où l’on peut explorer la base dans son intégralité, en recherche simple ou en recherche avancée, dans les trois langues de travail de l’ICOM, l’anglais, le français ou l’espagnol (suivant la langue choisie pour le navigateur).
Dans cette nouvelle version de la base, documents numériques et liens URL – absents de la version précédente – sont peu à peu associés aux notices quand cela est possible.
En complément de cette base documentaire historique, le nouveau logiciel a permis la création de 2 nouvelles bases de données supplémentaires pour mettre en valeur les archives de l’ICOM, très mal connues jusqu’ici.
La base « Archives », construite à partir de l’inventaire de 2015, recense les archives « papier » du secrétariat de l’ICOM et de ses relations avec les comités.
La base « Image » accueille déjà sa collection d’affiches, scannées en haute définition (notamment celles des campagnes et journées mondiales des musées des années 60 à nos jours), et accueillera bientôt le fonds photographique de l’ICOM (près de 5000 tirages papiers, diapos et négatifs de 1950 aux années 2000). Si la base documentaire a vocation à être accessible au plus grand nombre, les bases « Archives » et « Images », sont, elles, exclusivement réservées aux membres, via l’espace membre du site www.icom.museum (rubrique Outils pour les comités).
En parallèle, une campagne de numérisation des publications et archives de l’ICOM, confiées à la société Arkhênum, spécialisée dans la numérisation patrimoniale, nous a déjà permis d’associer un premier lot de fichiers numériques aux notices correspondantes dans les bases « Bibliothèque » et « Archives ». Un deuxième lot de documents sélectionnés en 2021 viendra bientôt s’y ajouter.
Les membres de l’ICOM sont naturellement invités à contribuer à l’enrichissement de ces bases s’ils disposent de documents qui ne s’y trouvent pas encore, ou de versions électroniques des publications qui y sont déjà référencées !
Ce service est accessible à nos membres. Quelles sont les modalités de recherche dans la base documentaire ?
La page d’accueil multi-bases à laquelle on accède via l’espace membres et chacune des bases isolément proposent un espace de recherche libre. Si cette première approche présente l’avantage de la simplicité, la recherche approfondie offre un choix de champs plus précis, assorti des lexiques correspondants et d’outils pour affiner les résultats (tri, filtrage par date, mots-clés, typologie de documents, localisation…).
La rubrique « Bibliothèque en ligne » du site propose quelques conseils pratiques, et je suis bien sûr à la disposition des membres pour les accompagner dans leurs recherches. Questions, commentaires et suggestions sont les bienvenus pour améliorer ces bases.
Quelles sont les perspectives d’évolution et chantiers à venir concernant la documentation et les archives à l’ICOM ?
Concernant l’ensemble des bases, un thésaurus est en cours de réalisation pour améliorer la qualité de l’indexation.
Du côté des archives, le lot des documents en cours de numérisation à intégrer étant important, nous sollicitons patience et indulgence de la part des membres de l’ICOM. Je reste de toute façon à la disposition des comités pour des recherches particulières dans les fonds conservés au secrétariat.
Sur la page d’accueil du portail, à côté des trois bases déjà évoquées, on en trouve une quatrième, la base « Répertoire », avec la mention « en construction ». C’est un important travail de compilation, réalisé en 2019 par Elisabeth Jani, responsable de la documentation à l’ICOM jusqu’en décembre 2020, à la demande du groupe de travail sur les comités internationaux, qui m’a inspiré le projet de création de cette base, qui devrait rassembler sous forme de notices synthétiques quelques données essentielles sur l’histoire et les missions des instances, partenaires et personnalités de l’ICOM.