Les musées n'ont pas de frontières,
ils ont un réseau

Aux temps déjà lointains où le Centre de documentation muséographique Unesco-Icom, sans informatique et sans internet, rassemblait et faisait circuler l’information sur tous les musées du monde et leurs activités, c’est à dire vers 1965, il y a donc plus de cinquante ans, la première génération de documentalistes menée par Yvonne Oddon fut remplacée par une nouvelle équipe sous la direction de Paulette Olcina.

Paulette est morte le 25 décembre 2017 à l’âge de 93 ans. Elle avait dirigé le centre pendant 20 ans, de 1965 à 1985. Elle n’était à l’origine ni documentaliste, ni muséologue, mais traductrice. Elle apprit ce nouveau métier, prit la succession d’Yvonne Oddon et devint vite la référence internationale pour la documentation des musées.

Témoin de l’explosion du nombre des musées et de l’essor de l’ICOM, en particulier dans les pays dits alors “du Tiers-Monde” puis “en voie de développement”, elle présida notamment à la modernisation des moyens techniques du centre.

Elle eut ensuite à adapter le centre à l’informatique. L’équipe du Centre reçut l’aide très efficace de la Bibliothèque de l’Unesco et de la revue Museum pour mettre au point à partir de l’indexation « artisanale » par indices chiffrés, des mots-clés, puis un thésaurus adapté à l’informatisation et donc à l’échange de données entre bases de données nationales et internationales en voie de constitution.

En parallèle du travail de compilation de législations nationales pour la protection des biens culturels et pour lutter contre le trafic illicite de ces biens, elle introduisit les microfiches pour traiter la documentation recueillie.

Poursuivant le travail d’Yvonne Oddon, créatrice du Comité international pour la documentation (CIDOC) dans les premières années de l’ICOM, elle devint Secrétaire de ce comité, sous la présidence de Geoffrey Lewis, son président.

Parmi les publications de ce comité, elle eut à cœur de poursuivre la publication de la Bibliographie muséologique internationale, sous l’égide du Cabinet de muséologie de Prague, dirigé par Vaclav Pubal. Véritable travail international, par la participation active de collaborateurs de Pologne, URSS, République démocratique allemande, Yougoslavie, Royaume-Uni, etc.

Le Centre, riche de la documentation reçue des membres de l’ICOM et de ses nombreux utilisateurs, contribua, par l’accueil de stagiaires, à la formation d’étudiants en documentation ou de jeunes professionnels déjà en poste. Ils étaient originaires du Canada, de Catalogne, du Mexique, de plusieurs pays d’Afrique…

En 1973, lors de la crise financière qui obligea l’ICOM à réduire drastiquement son personnel, Paulette accepta d’assumer l’essentiel des fonctions de direction de l’ICOM en plus de sa tâche de responsable du centre de documentation.

Elle fit tout cela avec une grande discrétion, mais avec énergie et rigueur, humour et sens du travail collectif, au sein de son équipe comme avec le secrétariat de l’ICOM.

Ses anciens collègues, devenus ses amis au fil des années, veulent dire tout ce qu’ils lui doivent et marquer la place qu’elle a tenue dans l’histoire de l’ICOM et le rôle qu’elle a joué dans les relations et la coopération entre les musées du monde entier. La profession muséale lui doit beaucoup. Merci Paulette.

Paris, 5 février 2018

Hugues de Varine, directeur de l’ICOM de 1965 à 1974

Anne Raffin, adjointe de Paulette Olcina au Centre de Documentation

Elisabeth Jani, documentaliste au secrétariat de l’ICOM