Les musées n'ont pas de frontières,
ils ont un réseau

L’ICOM fête ses 75 ans. Ses archives peu à peu remises au jour offrent de nombreux témoignages du fait que tout au long de son histoire il n’a jamais cessé de réfléchir sur son rôle, de chercher à améliorer son organisation et à adapter ses pratiques.

Cette édition spéciale, ICOM Voices Past, est l’occasion de mettre en perspective les défis d’hier et d’aujourd’hui, de puiser dans ces témoignages passés pour appréhender présent et avenir. Le texte que nous vous proposons ici, daté du 10 octobre 1949, et dont l’introduction permet d’en deviner l’auteur même s’il n’est pas signé, en est un bel exemple.

Reflexions pour les membres des comités exécutif et consultatif

En octobre 1949, l’ICOM n’a pas encore 3 ans d’existence. Son enregistrement au Journal officiel de la République française comme « Association étrangère » ayant pour but la « coopération internationale entre les musées » ne date que du mois de février de la même année. On trouve alors des « Comités nationaux de coopération internationale entre les musées » dans 38 pays, qui regroupent au total 401 membres « actifs » (p. 2 du texte), auxquels il faut ajouter 69 membres « associés », soit 29 personnes et 40 musées ou organismes assimilés (p. 3).

L’ICOM a bien changé depuis 1949, mais les réflexions que Georges Salles, Directeur des musées de France et co-fondateur de l’ICOM, adresse aux membres des comités exécutif et consultatif dans ce texte font écho aux débats d’aujourd’hui en son sein. Le premier voeu qu’il formule, « Accroître de façon massive le nombre des membres de l’ICOM », a été largement exaucé depuis – on compte aujourd’hui 118 comités nationaux et 49547 membres (rapport annuel 2020) – mais les enjeux qu’il expose, et pour lesquels il propose des mesures concrètes, n’ont pas perdu de leur actualité : « accroître le rôle des comités nationaux », « accroître le rôle des comités internationaux » et « parfaire la mise en valeur des résultats de l’ICOM ».

A l’époque de leur rédaction, ces réflexions sont favorablement accueillies et rapidement suivies d’effet. Comme en atteste l’éditorial du volume 4, n° 1 des Nouvelles de l’ICOM de février 1951, elles sont à l’origine d’un projet de révision des statuts de l’ICOM, dont la nouvelle version est adoptée lors d’une Assemblée générale extraordinaire le 3 juillet 1951 (Compte rendu dans les Nouvelles de l’ICOM, vol. 4, n° 4, Août 1951)

A la recherche de l’auteur : décryptage

Quoiqu’anonyme (la note manuscrite à la fin du texte est postérieure), le texte fournit les indices nécessaires : « Membre du Comité exécutif, du Bureau, du Comité de rédaction, Président du Comité consultatif, d’un Comité national et d’un Comité international, responsable en son temps de I’organisation de la première conférence biennale de l’ICOM ».

En effet, lors de l’assemblée constitutive de l’ICOM, les 16, 17 et 18 novembre 1946, au Louvre, Georges Salles était élu président du Comité consultatif, et à ce titre il était membre du Comité exécutif et du Bureau. Au cours des réunions qui suivirent les 19 et 20 novembre, neuf comités internationaux furent créés, parmi lesquels le comité n° 2 pour les musées d’art et d’arts appliqués, avec Georges Salles à sa tête. Moins d’un mois plus tôt, il avait été nommé président du Comité national français dont il avait pris l’initiative de la création. C’est notamment à ce titre que lui avait été confiée la charge d’organiser la première conférence biennale de l’ICOM, à Paris, du 28 juin au 3 juillet 1948. Il était aussi président du Comité de rédaction de la revue ICOM News, dont le premier numéro est paru le 1er octobre 1948.

Nota Bene : le texte original en français qui vous est présenté ici a fait l’objet d’une adaptation pour être publié sous forme d’éditorial dans ICOM News édition française, vol. 2, n° 5, Octobre 1949

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